L’été tire vers sa fin

L’été tire vers sa fin

Eh oui, nous existons encore. Après notre halte au chantier naval, nous sommes repartis de plus belle vers le sud – la coque propre nous fait gagner un bon nœud. Notre fils Olivier nous rejoindra mi-septembre à Szczecin, en Pologne. Nous avons donc quelques milles à parcourir d’ici-là. La météo est de nouveau belle et la fin des vacances suédoises nous permet de trouver des places d’amarrages sans problèmes dans les ports. Ils sont presque vides. Il ne restent que quelques touristes allemands qui sont pour la plupart pressés de rentrer chez eux. Nous nous accordons le luxe d’avoir le temps.

Nous revisitons certains endroits que nous avions accosté au printemps (Västervik, Kalmar), mais découvrons aussi des nouvelles places en naviguant entre ces îles qui bordent la côte. Quelques fois, nous devons même remonter contre le vent (voir carte), timing oblige…

Nous descendons le Kalmarsund en tirant des bords, et avec deux jolies étapes sur Uitklippan et Christiansø nous arrivons à Bornholm, la terre danoise la plus à l’est du pays.

Nous amarrons à Tejn sur la côte nord de l’île et y restons quelques jours. Le vent souffle d’ouest et la traversée vers Rügen va précisément dans cette direction. Mais il fait beau, nous nous baladons donc à pied sur ce littoral magnifique.

Une halte à Nexö avant de quitter Bornholm nous permet de visiter deux musées charmants. Le premier montre des statues de sable, et le deuxième relate l’histoire du chemin de fer de l’île qui a fonctionné de 1900 à 1968.

Les statues se réfèrent en général à des légendes locales.

Au bout d’une semaine sur Bornholm, le vent tourne, et nous partons au lever du jour pour traverser les 65 milles nautiques pour arriver à Sassnitz sur l’île de Rügen en Allemagne. Les jours se raccourcissent et nous préférons arriver de jour dans un port que nous ne connaissons pas. Opération réussie, nous arrivons lorsque le soleil se couche après une navigation tout à la voile, vent arrière, génois tangonné.

Sassnitz et ses célèbres falaises de craie sont vraiment spectaculaires et nous avons adoré la balade surplombant la mer.

Encore une journée de navigation, et nous arrivons en Pologne. Première halte, Swinoujscie, porte d’entrée pour remonter le fleuve Oder. Petite bière avec une saucisse locale sur une petite terrasse au bord de l’eau. Nous essayons de capter l’ambiance du coin – pas facile quand on ne comprend rien du tout de la langue du pays. Mais le sourire étant universel, nous passons une bonne soirée avant de repartir pour Szczecin le lendemain. Canal, lagon, fleuve – nous traversons un paysage bordé de roseaux pour arriver dans une ville très industrialisée au passé chargé d’histoire. On y voit les efforts énormes de se mettre au niveau de la vie actuelle, après une longue période de communisme. Toute la ville est pleine de chantiers, que ce soit pour remettre en valeur les monuments historiques où redessiner les voies de circulation.

Olivier nous rejoint, et nous redescendons l’Oder, prenons à gauche dans le lagon avec le but de sortir en mer près de Stralsund. Mais comme souvent, on ne fait pas tout ce qu’on a prévu. Le pont normalement ouvrant à Wolgast est en travaux, et nous devons rebrousser chemin. Nous aurons parcouru le Stettiner Haff (lagon) en long et en large, car nous devons ressortir en mer par là où nous sommes entrés. Pas grave, le paysage et la météo sont beaux, et nous avons même vu un aigle de près.

Nous longeons donc la côte pour rejoindre Stralsund, belle ville hanséatique d’où Olivier reprend le chemin de la Suisse. Il faut bien que quelqu’un travaille…

Nous restons quelques jours à Stralsund avant de continuer notre chemin vers l’ouest, en direction de Lübeck où nous laisserons le Naviot pour l’hiver. L’automne arrive, et nous devons composer avec les premiers coups de vent. A Warnemünde, nous devons carrément attendre pendant une semaine une fenêtre météo navigable. Nous en profitons pour visiter la ville et aussi celle de Rostock.

Dernière étape en mer, nous arrivons le 8 octobre à Travemünde. Nous remontons la Trave pendant deux heures, passons un dernier pont ouvrant et amarrons le Naviot à Lübeck le 10. C’est tellement sympa de retrouver nos amis Heinz et Brigitte – c’est presqu’un peu comme rentrer chez soi. Ils nous aident pour préparer le bateau pour l’hiver. Il faut transporter les voiles chez le voilier pour les réparer, et le moteur hors-bord chez le mécanicien pour un service. Merci les amis ! La fin du mois est très occupée, et début novembre nous quittons le Naviot qui va hiverner dans la marina de Lübeck et nous rejoignons la Suisse pour y passer l’hiver et retrouver nos familles et amis.

Mille Îles

Mille Îles

La Suède en été est fabuleuse ! En plus, la météo est ensoleillée, nous n’avons pas de planning fixe et pouvons sillonner l’archipel devant Stockholm à souhait. De Nyköping nous traçons notre route vers le nord, et rentrons de plus en plus dans les terres. Voici la trace du Naviot sur la carte électronique entre fin mai et début août.

A Södertälje nous passons une écluse et passons dans le lac Malären, où nous bifurquons vers l’ouest pour aller nous amarrer au pied du château de Gripsholm, résidence royale depuis le 16ème siècle.

La famille royale logeait dans ce château magnifique en été et lors de périodes d’épidémie, bien à l’abri de la vie turbulente de la capitale, tout en étant pas très éloignée. Pas assez animée au goût de certains quand-même, car un prince a fait aménager une salle de théâtre qui est toujours utilisée. Aujourd’hui, il abrite une collection de tableaux représentant toute la noblesse et autres personnages importants de l’histoire suédoise. Je n’ai jamais vu une galerie des ancêtres aussi importante que celle-ci.

Enfin, nous mettons le cap vers Stockholm, où Marc vient nous rejoindre pour trois semaines. Il doit faire des milles (nautiques) afin de valider son permis mer. Nous repassons une écluse et trois ponts basculants pour rejoindre le Vasahamn au centre de la ville. L’endroit est bien situé, sur une île où se trouve une belle brochette de musées ainsi qu’un luna-park permanent et un grand parc boisé. Nous visitons bien sûr le Vasa, bateau du 17ème siècle, construit sur commande royale, il devait être le fleuron de la flotte. Manque de chance, le roi avait des exigences concernant les mesures, l’équipement en canons et le nombre de ponts, qui ont provoque son naufrage à peine sorti du chantier naval. Il a coule à 1,5 km de son départ au premier petit coup de gîte dans une douce brise, car son premier pont de canons était trop bas sur l’eau qui est entré à flot dans les sabords ouverts. Il s’est enfoncé dans la vase, et le taux salin réduit de la baltique à empêché la pourriture du bois. Un monstre flop, mais aujourd’hui, c’est le seul bateau de cette époque entièrement conservé qui existe encore.

Nous donc voilà à Stockholm, belle capitale où nous nous sommes promenés dans tous les sens. Car quand on est dans une ville où on trouve tout, on visite aussi en cherchant le matériel pour le bateau qui manque, les guides de navigation, le copy shop pour se faire imprimer des documents, le coiffeur pour raccourcir la tignasse de Loulou, et plein d’autres choses nécessaires au bon déroulement du voyage. Ces petits buts nous font découvrir aussi des quartiers un peu hors du circuit touristique – toujours intéressant.

Nous partons avec notre nouveau matelot vers le nord-est. A travers les îles jusqu’au bord de l’archipel pour en rejoindre un autre. Les îles Åland, où l’on parle suédois, mais qui sont finlandaises. Nous y arrivons le 30 juin et amarrons à l’avant dernière bouée libre du port. Il y a plus d’une centaine de bateaux, tous arborant le grand pavois. C’est magnifique, et nous apprenons qu’il s’agit de l’assemblée générale du cruising club de Finlande qui se tient cette année à Mariehamn. Nous étions chanceux de trouver une place !

Juin est fini, et nous avons la première pluie sérieuse depuis notre départ d’Allemagne. Elle nous cloue trois jours au port. Nous en profitons pour visiter la petite ville et ses environs. Marc visite aussi le Pommern, vaisseau sœur du Passat que nous avions visité en Avril à Travemünde (voir chapitre précédent) Après cette pause, nous avons slalomé à travers cet archipel, composé de rochers arrondis, poncés par les glaciers de la dernière glaciation. C’est vraiment spécial. Peu de terre sur la roche, donc seulement des arbres qui peuvent étendre leurs racines comme les pins, les genévriers ou les bouleaux qui sortent des petites fentes dans la roche – on se demande comment ils peuvent survivre. Sinon lichens, mousses et myrtilliers poussent partout.

Tout doucement le temps s’écoule et le moment de retourner en Suède arrive. Avec un bon vent de nord-ouest (annoncé nord), nous traversons les 60 milles nautiques au près dans une mer assez hachée, mais sous un soleil éclatant jusqu’à Gräddö, petit village avec une marina bien abritée. Nous y faisons le plein de victuailles et poursuivons direction Stockholm, en nous arrêtant à des places au noms exotiques tels que Vaxholm, Furusund ou Norrviken. Petits Ports ou mouillages – c’est de toute beauté.

Après trois semaines avec notre fils, il reprend l’avion pour retourner en Suisse, et nous repréparons le bateau pour notre prochain invité. Le 19 juillet Christian nous rejoint et nous repartons entre les îles. Notre ami avait navigué il y a 30 ans dans cette région à bord de son propre voilier, et nous a montré les jolis coins qu’il avait découvert à l’époque. Cap sur Rödlöga, petite île vers l’extérieur de l’archipel, que nous avons atteint en deux étapes à naviguer à la voile tout en douceur. Pas de vagues, peu de vent de la bonne direction – le rêve de tout navigateur.

En suivant une jolie boucle, nous passons par Sandhamn, ancienne station de pilotes, marina touristique aujourd’hui. L’endroit est plaisant et a conservé son charme d’antan.

La boucle s’achève, et nous rentrons à Stockholm par le sud. C’est un vrai labyrinthe. Je pense qu’on peut naviguer des années ici, découvrant de nouvelles places idylliques à chaque virage. Christian nous quitte, et nous nous retrouvons rien que les deux. Bizarre de devoir refaire toutes les manœuvres nous même – un équipier, c’est quand-même bien… Nous mettons cap vers le sud, il faut commencer à penser à la rentrée, la saison en suède s’achève bientôt, et les commerces estivaux et les ports commenceront à fermer dès la mi-août. La météo se dégrade et nous nous mettons à l’abri de la tempête Hans à Oxelösund. Ici, nous trouvons enfin un chantier naval qui est d’accord de sortir le Naviot de l’eau afin de lui donner un nouvel antifouling. Le pauvre était plein de bernicles après trois ans sans nouvelle peinture. Après ce traitement, comme tout neuf, notre bateau nous emmènera vers de nouvelles aventures.

Un grand merci à Corinne, Marc et Christian pour leurs photos !

Naviguer du Printemps vers l’Eté

Naviguer du Printemps vers l’Eté

Nous avons rejoint notre Naviot à Pâques en train depuis la Suisse. Voyage sans encombre jusqu’à Hamburg, puis en bus de remplacement à Rendsburg. La Deutsche Bahn profitait du long weekend sans trafic pendulaire pour faire des travaux sur la ligne. Les bus étaient pleins à craquer – soi disant que la fréquentation était inférieure à la normale… et nous, avec nos gros bagages! Imaginez le tableau. Quelques jours de préparation, et nous avons largué les amarres en direction de l’écluse côté Kiel par un beau matin d’Avril.

En sortant de l’écluse, nous hissons les voiles, car même avec le vent contraire, nous avons envie de faire vibrer notre bateau. Il a attendu assez longtemps. En quelques bord nous rejoignons Laboe, petite station balnéaire à la sortie de la Kielerförde. Tout va bien, nous ne nous étions trompé en rien en réinstallant les voiles avec tous leurs cordages, après les avoir stockées à l’intérieur pendant l’hiver.

Quelques jours à attendre que le vent tourne, et nous repartons à Bagenkop que nous avions déjà visité avec Olivier en Septembre dernier. C’est assez rare que nous accostons deux fois au même port, mais cela nous évitait de passer à travers un zone d’exercice de tirs de la marine allemande, interdite aux plaisanciers ces jours ci. Prochaine halte, Heiligenhafen et ensuite Travemünde et Lübeck. Car nous avions promis à nos amis Brigitte et Heinz de venir les trouver avec notre bateau.

A Travemünde nous avons visité le Passat avec notre guide préféré. Heinz nous a tout expliqué de ce grand voilier de transport de fret qui faisait régulièrement le tour du cap Horn pour aller chercher du guano au Chili ou du blé en Australie et ceci de 1911 à 1957. Sans moteur, mais avec les équipements les plus modernes de son époque pour braver les Océans avec un équipage assez réduit d’une trentaine d’hommes seulement. Le bateau est long de 115m, et a 4 mâts. Imaginez le travail par gros temps.

Nous sommes restés une dizaine de jours dans cette belle ville et avons passé du bon temps avec nos amis. Ils nous ont fait découvrir la campagne de l’Est-Holstein avec ses champs de colza en fleur et les forêts qui commençaient à verdir. Merveilleux printemps

Nous quittons Lübeck en nous jurant d’y revenir – peut-être pour l’hiver prochain, qui sait? Le 11 mai nous descendons la Trave et ressortons en mer par un joli vent de nord-est et du soleil. Quelques bords tirés au près plus tard, nous amarrons à Burgstaken sur l’île de Fehmarn, notre dernière escale en Allemagne pour un moment. Vent oblige, nous y restons une petite semaine, car il souffle exactement de la direction où nous voulons aller. Pas de problème, car cela nous donne le temps de visiter la petite ville et le sous-marin musée.

Enfin le vent tourne en notre faveur, et nous mettons le cap sur la Danemark. En suivant les îles de Falster, Mön et Sjaelland, nous retrouvons nos amis du Chimaera (Olivier et Corinne) près de Copenhague sur le petit îlot de Flakfort. C’est une ancienne forteresse devant Copenhague qui est aujourd’hui accessible aux plaisanciers. Ils avaient des amis Suisses à bord qui avaient apporté de la fondue. Elle fut excellente – merciii

Petite escale à Copenhague que nous avons revisité avec plaisir.

Après cette belle rencontre, nous mettons le cap sur la Suède. Nous passons devant Malmö avec son pont immense qui relie la Suède et le Danemark pour rejoindre la côte sud du pays. Plusieurs belles escales en suivant la côte nous amènent à Kalmar. Toutes ces villes et villages sont mignons tout plein, mais ce n’est pas encore « la saison », et tout est super calme. Bien souvent, les boutiques et restaurants sont encore fermés. Ca n’ouvrira qu’à la mi juin.

Nous passons quelques jours à Kalmar, belle ville avec son château magnifique. Un jour pour laver la lessive et l’intérieur du bateau, et bien sur, l’obligatoire visite du shipchandler local pour acheter quelques bricoles pour le Naviot. Notre ami François vient nous rejoindre pour nous accompagner un bout en direction de Stockholm, toujours vers le nord.

Devant Kalmar se trouve Oeland, longue île qui s’étire sur environ 130km pour 15km de large. Nous y faisons escale et louons des bicyclettes à Byxelkrok – oui oui, j’ai copié le nom juste…

De là, retour sur le continent, à Västervik, où nous avons testé une machine à laver la partie soumarine du bateau. Les algues sont parties, mais les bernicles sont restés… Louis les a gratté plus tard en plongeant en apnée – on a gagné un nœud!

La météo est extraordinaire, même les Suédois nous le disent. Cela fait un mois que le soleil brille et en allant vers le nord, il se couche de plus en plus tard pour se lever seulement quelques heures après. Il ne fait plus vraiment noir. La nuit est une sorte de crépuscule rejoint par l’aube – j’adore! Nous naviguons entre les Skärer, ces petites îles qui se comptent par centaines devant la côte. Pas évident de trouver sa route. Il faut bien la planifier et suivre constamment sur la carte la position. Ce n’est pas de tout repos, mais intéressant – une navigation en rase cailloux.

En slalomant tranquillement ainsi, nous arrivons à l’été et à Nyköbing où François nous quitte pour aller visiter Stockholm avant de rentrer en Suisse. Nous y restons quelques jours avant de continuer nous aussi vers Stockholm, où Marc va venir nous rejoindre.

Escale américaine II

Escale américaine II

Comme promis, ce n’est pas fini de notre aventure aux Etats-Unis. Le hasard fait parfois bien les choses, et il voulait que cette année le rassemblement international des Frères de la Côte, appelé World ZAF, ait lieu aux USA, à Galveston pour être précis. Il nous suffisait de trois heures de vol pour rallier Houston et rejoindre cet évènement qui est organisé normalement tous les quatre ans – cette fois ci avec une année de retard pour cause de pandémie. Des frères d’une dizaine de pays se sont rencontrés pour fêter et accessoirement discuter des affaires de cette confrérie de navigateurs. Ambiance garantie !

Il faisait enfin chaud, et nous pouvions mettre les shorts. Entre repas et sorties organisées, nous étions pleinement occupés.

Un jour nous avons visité les Moody Gardens avec son aquarium et sa pyramide de forêt tropicale – j’ai pu toucher la raie de la photo, c’est tout doux. Un autre jour, nous avons visité le centre de la NASA, très intéressant aussi.

Point culminant, le gala du dernier soir était simplement spectaculaire – tout le monde en tenue de pirate. Encore un excellent repas, et après bien des discours et cadeaux échangés, nous avons dansé et rigolé jusqu’à ce que les musiciens ont démonté leurs instruments.

Vendredi nous avons repris l’avion, cette fois ci pour New York. Car cette ville non plus, je ne l’avais jamais vue. Comble du bonheur, nous avons été accueilli chez Robert, frère de la côte de son état, dans sa maison à Long Island. Il nous a emmené voir plein de choses intéressantes – musées, spectacle, rues et avenues. Merci Robert, c’était génial que tu nous aies ouvert ta maison alors que tu ne nous avais jamais rencontrés – une expérience inoubliable !

Dimanche, les frères de New York nous ont reçus à leur Yacht Club sur City Island. Après une visite du petit musée naval de l’île, nous étions conviés à un déjeuner convivial. Encore une fois, nous avons rencontré des gens formidables, pleins de gentillesse, avec qui nous avons discuté et sympathisé. Un grand merci à vous tous, nous avons adoré votre compagnie.

Mars à New York a signifié pour nous un retour à l’hiver. Nous avons donc visité plusieurs musées, et un jour de neige, nous sommes carrément restés au coin du feu, sur lequel Robert nous a fait griller non pas des marrons, mais des clams. Je n’avais jamais goûté ça – Délicieux !

Notre périple américain s’est terminé sur ces belles rencontres. Après cinq jours à New York, nous remontons à bord d’un avion qui nous ramène à Lisbonne, où nous passons deux jours formidables avec Francisco et Isabel qui nous accueillent toujours si chaleureusement. Merci, merci, merci pour toute l’amitié que nous avons rencontrée durant ce voyage. Nous en avons rapporté tellement d’impressions et d’expériences, que nos pauvres têtes ont besoin d’un peu de temps pour tout assimiler. Après les fêtes de pâques en Suisse avec la famille, nous avons rejoint le Naviot qui nous a attendu tout ce temps en Allemagne. Après quatre mois d’absence, quel plaisir de rentrer chez soi…

Escapade américaine I

Escapade américaine I

Hello again, nous voilà de retour après un hiver bien actif. En effet, la nouvelle année a débuté pour nous avec un voyage rêvé depuis longtemps. Nous avons voulu échapper à l’hiver en allant visiter nos amis en Californie et en Arizona. Les billets d’avion allant du simple au triple en direction des USA, nous avons choisi TAP et une escale à Lisbonne pour nous rendre à San Francisco, où nous avons été accueillis chez Alice, amie de longue date (quelque 40 ans) de Louis. Elle habite a une demie heure au sud de San Francisco et nous avons visité la ville et la région tout en habitant chez elle. Merci Alice pour ces jours extraordinaires passés chez toi.

Le pont, le port, Chinatown, Sausalito – tous des lieux intéressants, mais bien touristiques, même en hiver. Car tenez vous bien, il nous a suivi ! Du jamais vu en Californie, mais nous avions pluie et même neige au programme.

Une visite chez Alexander, le fils d’Alice, et sa famille nous a conduit vers les montagnes. Première halte, Sacramento et son Railroad Museum, qui nous raconte l’histoire de la construction du chemin de fer d’est en ouest du pays. Un projet énorme qui n’aurait jamais vu le jour sans les travailleurs chinois, car vu les conditions rudes et les salaires bas, personne d’autre ne voulait poser ces rails. Une petite section du musée leur rend hommage depuis peu, la gloire étant allé aux patrons blancs, qui ont aussi engrangé les bénéfices.

Direction Yosemite Park, où nous rencontrons nos amis autour d’un repas d’excellents burgers faits maison au barbecue, typique. C’étaient nos premiers hamburgers du voyage!

Cette belle étape nous a emmené jusqu’à la neige. Au bout de quelques jours nous avons retraversé la vallée de la Californie pour retrouver le Pacifique à Pismo Beach. Ville choisie au hasard, mais où nous avons découvert un bosquet à papillons migrateurs, où des centaines de Monarchs viennent passer l’hiver loin du froid de leur patrie au Canada et au nord-est des Etats-Unis.

Notre chemin nous emmène de plus en plus vers le sud. Los Angeles s’étend devant nous avec ses autoroutes jusqu’à 10 pistes qui se croisent sur trois ou même quatre niveaux, où les voitures ont le droit de dépasser de tout les côtés. Mais j’ai un as comme pilote, et habituée à mon rôle de navigatrice à la carte (merci google maps) , nous trouvons notre route dans cette jungle urbaine.

Laissant LA derrière nous, nous roulons toujours vers le sud, San Diego cette fois, où nous visitons Balboa Park. Cet ancien terrain d’expo universelle (1900 et 1935) est devenu un énorme parc avec musées, jardins, ateliers d’artistes et même le zoo s’y trouve. Les températures sont estivales pour nous, et nous mettons les T-shirts.

De San Diego, nous quittons la côte du Pacifique et piquons à travers la montagne vers l’Arizona, où nous sommes attendus à Phoenix, chez Anne-Marie et Tim.

J’étais fascinée par cette cité en plein désert, et aussi par ce désert finalement pas si désert que ça. Dans ce climat très aride – l’Arizona porte bien son nom – vivent une flore et une faune parfaitement adaptés aux conditions. Tous ces cactus et autres plantes grasses ou épineuses forment une forêt pleine de vie et de beauté.

Visite du Desert-Museum à Tucson, mais aussi d’Old Tucson, ville de cinéma, où ont été tournés une grande quantité de Westerns. Aujourd’hui on peut la parcourir tout en regardant les coulisses de films et des petits spectacles parodies.

De retour à Phoenix, nous avons vu le Mistery Castel, un « château » construit uniquement avec des déchets, et ceci durant les années 1920 – 1950 par un père qui avait promis un château à sa fille. En raison d’un diagnostic de tuberculose, il s’était expatrié dans ce climat sec et n’a plus donné signe de vie à sa famille. Après sa mort, son avocat a retrouvé son épouse et sa fille. Quand elles ont vu l’édifice, elles en sont tombées amoureuses et ont passé le reste de leur vie dans ce cadre incroyable, sans beaucoup de confort et surtout sans eau à proximité.

Un autre highlight était le weekend passé avec nos amis au festival de Renaissance qui à lieu tous les ans en février. Pendant un mois, tous les weekends c’est la fête et les gens s’habillent comme ils s’imaginent qu’étaient vêtus les gens au 15ème siècle. Il y a beaucoup de place pour la fantaisie…

Nous avons passé une dizaine de jours merveilleux avec les amis – Merci Anne-Marie et Tim. Mais le temps avance, et nous devions songer à notre retour en Californie. Bien sur, pas par le même chemin, mais en passant par Las Vegas. Je voulais quand même avoir vu cette ville une fois dans ma vie. Cap au nord donc, passant par le Hoover-Dam pour arriver dans la ville des casinos.

Il paraît qu’il faudrait quatre ans de pluies normales pour remplir le lac à son niveau habituel.

Arrivés à Las Vegas, nous avons évidemment visité les casinos. Chacun a son thème de déco et on peut passer sa journée à marcher des uns aux autres à regarder le spectacle. Bien sûr, nous avons joué aussi – c’est incontournable ici. Et nous avons royalement perdu 20$ en faisant le compte des gains et des pertes. Comme quoi, ce n’est jamais le casino qui perd …

La météo étant à la neige et notre voiture équipée de pneus d’été, nous n’avons pu aller voir le Grand Canyon, et au lieu de deux, nous sommes restés quatre jours à Las Vegas. Sitôt le ciel éclairci, nous avons repris la route, vers Death Valley cette fois. Elle descend à -85m sous le niveau de la mer et il y règnent normalement des températures autour des 50°C. Nous y avons rejoint un agréable petit 18°C et un lac qui n’existe pas en temps normal. Pour en ressortir à l’autre bout, nous avons même rejoint la neige. Heureusement, la route était dégagée.

Nous nous sommes dépêchés de rejoindre la Californie, passant encore un col enneigé le lendemain, car les météorologues annonçaient encore un front de neige pour le surlendemain. Bonne inspiration, car après cela, les cols étaient fermés pour plusieurs jours, et notre avion était prévu une semaine plus tard. De retour de ce côté des montagnes, nous avons rejoint le printemps. Pendant notre absence, les amandiers se sont mis à fleurir et nous nous sommes fait un plaisir de suivre le Blossom-Trail. Des kilomètres à travers les vergers en fleur, un spectacle magnifique.

Notre tour de l’ouest américain arrive à sa fin et nous retournons chez Alice près de Half Moon Bay pour quelque jours, histoire de rendre la voiture et refaire de l’ordre dans nos bagages avant de nous envoler pour Houston. La suite de nos aventures américaines suivra dans le prochain chapitre – à tout bientôt !

Noël approche

Noël approche

Le Naviot est prêt pour passer l’hiver dans ce joli port de Rendsburg. Nous nous sommes installés, avons rentré les voiles, couvert le cockpit avec sa grande bâche et réglé les amarres entre poteaux et ponton. Octobre et Novembre ont passé en beauté. Loulou, toujours en contact avec ses frères de la confrérie des Frères de la Côte, a appelé notre ami Snoopy à Lisbonne pour lui donner de nos nouvelles. Et bingo, Snoopy nous informe qu’il vient d’avoir la visite d’un frère de Lübeck très sympa. Il nous envoie les coordonnées et nous pensons l’appeler le soir même. Mais voilà, dans l’heure qui suit la réception du message, notre téléphone sonne – « Bonjour, c’est Heinz de Lübeck. Quand est-ce qu’on peut se voir? » Ravis, nous avons reçu Brigitte et Heinz, accompagnés de leur amie Ille, le lendemain après-midi pour « Kaffee und Kuchen » sur le Naviot. L’automne étant encore ensoleillé et chaud en Octobre, Brigitte et Heinz nous ont invité chez eux, histoire de visiter la région et la ville de Lübeck.

Une belle journée à travers ce beau paysage tout doré, suivi d’une soirée chez un autre frère et sa captive, Sven et Reni à Travemünde. Reni nous a gâté avec un repas délicieux, plein des bonnes choses typiques de cette région. MERCIIII – cela mérite un grand ORZAAA !

Arrive novembre, et avec lui le Grünkohlessen auquel la table de Lübeck nous a invité. Le Grünkohl, c’est du chou vert du genre kale, coupé fin, cuisiné salé et un peu sucré (ça dépend du cuistot), et servi couvert de viande.

Cette belle soirée s’est déroulée dans un lieu historique, la Schiffergesellschaft de Lübeck. C’est la maison de la guilde des marins qui existe depuis le 13ème siècle, et qui gère encore aujourd’hui l’entraide des travailleurs marins qui en font partie. Le restaurant est décoré de manière sensationnelle et ce n’est pas du kitsch, ce sont des objets offerts par les Marins au fil des siècles. Chaque région de commerce de la Hanse y avait sa table longue, appelée « Gelage ». On se retrouve immergé dans l’histoire jusqu’au cou.

Merci pour cette belle soirée !

Brigitte et Heinz nous ont montré leur ville, comme nous ne l’aurions jamais découverte en mode « simples touristes ». Médiévale au départ, elle a grandi et évolué au fil des siècles pour être à moitié détruite pendant la deuxième guerre mondiale en représailles du bombardement de Coventry. Toutes les églises sauf une furent détruites – comment saper le moral des gens – mais les habitants de Lübeck les ont reconstruites à l’identique la guerre terminée. C’est toujours impressionnant de voir les efforts entrepris pour retrouver une normalité après une situation si destructrice.

Non seulement belle, Lübeck est aussi une ville avec des spécialités culinaires. Nos amis nous ont fait goûter le massepain et quelques spécialités de charcuteries, vous ne pouvez même pas imaginer – Tellement bon!

Nous rentrons à Rendsburg les yeux et les papilles pleins de souvenirs, et recevons la visite de notre ami Josef, compagnon de voyage de Louis depuis sa tendre jeunesse. A l’époque ils avaient roulé en moto à travers toute l’Europe et aussi visité les Etats-Unis ensemble. Il était même venu nous trouver au Venezuela en 1990 pour naviguer avec nous. Cette fois ci, il a pris le train pour le nord et nous lui avons montré Flensburg et Kiel.

Une petite visite du marché de Noël de Hamburg s’impose aussi. Nous prenons le train pour y aller nous y plongeons avec enthousiasme.

Vous voyez, les fêtes approchent, et nos amis nous invitent à participer à la soirée du traditionnel « Gänseessen » de la table de Berlin. En train jusqu’à Lübeck, où Brigitte et Heinz nous emmènent voir les féeriques marchés de Noël de la ville la nuit tombée avant de traverser l’ancienne Allemagne de l’est pour retrouver les frères de la côte berlinois.

Arrivés à Berlin, Heinz nous a fait un véritable tour de sightseeing en voiture avant d’arriver à notre hôtel, où nous rencontrons plein d’amis de la confrérie. Le lendemain nous avons visité Potsdam, site historique magnifique, où on voit un pan d’histoire allemande de bien avant WW2. En hiver ça manque un peu de couleur, mais nous nous sommes promis de revenir quand les roses fleuriront.

Le soir, nous avons passé un excellent moment avec les frères – MERCI ET ORZAAA !

Le surlendemain, le 13 décembre dernier, nous avons embarqué à bord de la « Deutsche Bahn » et après quelques péripéties du au retard du premier train, nous sommes arrivés en Suisse avec seulement une heure de retard sur l’horaire prévu. Rien, vu les problèmes de la DB, et nous nous réjouissons de passer Noël en famille chez notre fils à Sottens. Joyeuses fêtes à vous tous et à l’année prochaine.

Fin d’été

Fin d’été

Après ma petite semaine en Suisse, je reviens à Kiel avec Olivier « dans les bagages ». Nous avons voyagé en train, première classe. Départ comme prévu de Lausanne, mais déjà en gare de Fribourg, le stress commence. Une porte de la rame ne ferme plus, et il faut vingt minutes aux techniciens pour réparer la panne. C’est rapide, je l’admets, mais quand le temps pour changer de train à Zürich est de trente minutes prévues, ça devient serré. Finalement il nous restent quatre minutes en arrivant en gare de Zürich, mais la chance nous sourit, car notre train est dévié sur voie la 15 au lieu de la 33, alors que le train pour Kiel attend sur la 17, juste à côté. Course, émotions et sueurs, mais nous l’attrapons de justesse. Olivier nous accompagne durant la semaine. Son souhait: aller manger une glace danoise… Nous allons faire un rond dans l’eau et retournons au Danemark. Cap sur l’île de Langeland, le port de Bagenkop. Nous quittons Kiel par un soleil radieux, mais sans vent. Nous descendons donc la Kieler Förde au moteur.

Le port de Kiel étant très fréquenté, nous rencontrons plein d’autres navires. Des cargos, des vaisseaux de la Marine, des sauveteurs et plein de plaisanciers. A la sortie du bras de mer, il y a même un phare pose en pleine eau pour guider tout ce monde.

Bien que la saison tire à sa fin, nous trouvons une softice danoise pour Olivier, pour Loulou aussi bien sûr. Le lendemain, toujours ensoleillé, Olivier et moi partons pour un balade à pied où nous avons croisé plein d’animaux.

De retour au port, nous surprenons Louis en pleine activité.

Les vacances avec Olivier se passent tranquillement. Une jolie navigation tout à la voile nous ramène en Allemagne, à Maasholm, à l’entrée de la Schlei. Un estuaire avec une grande zone de protection de la nature, où nous avons vu plein d’oies sauvages de loin, en visite durant leur migration vers le sud. Nous aussi, nous avons remis la cap vers le sud, Kiel à nouveau, où Olivier a repris le train pour la Suisse. Un trajet plein d’aventures. Si vous voulez en savoir plus, demandez lui…

Encore quelques jours à Kiel, histoire de laisser passer une dépression, et nous nous mettons en route pour aller rejoindre la Hollande où j’ai trouvé un port pour hiverner le bateau. En Allemagne, je n’avais reçu que des réponses négatives à mes demandes. Tout le monde était complet. Nous prenons donc le Nord-Ostsee-Kanal par son écluse orientale et traversons les terres jusqu’à Rendsburg. Joli petit port fluvial, tout près d’une charmante ville. Et que vois-je sur le tableau d’affichage du club de voile? Ils ont encore des places libres pour l’hiver, à l’eau. Je demande confirmation à la garde-port. Le prix est imbattable et nous prenons une décision rapide. Nous nous installons pour l’hiver ici et n’allons pas en Hollande. C’était totalement inespéré. Pas besoin de démâter, nous pouvons rester vivre à bord, et le plus beau, du jamais vu – en cas de gel, ils ont un système d’air comprimé qui envoie des bulles autour des bateaux pour qu’ils ne soient pas pris dans la glace. Nous restons donc ici, préparons le Naviot pour l’hiver et je me réjouis déjà de visiter les marchés de Noël dès fin novembre.

Cette carte montre le chemin parcouru par le Naviot cette année. Plus de 2000 milles nautiques. Il a bien mérité sa pause hivernale.

Trois semaines au Danemark

Trois semaines au Danemark

Nous sommes arrivés au Danemark et en même temps en été. Ciel, mer et même le bateau de pêche, tous sont d’un bleu incroyable. Notre point de chute Hirtshals étant sur la côte nord, nous nous dépêchons d’avancer un peu plus, vers Skagen, en contournant la pointe nord-est du Danemark, car des vents d’est sont annoncés pour le surlendemain, et nous n’avons aucune envie de remonter contre le vent dans le Skagerrak, réputé agité à cet endroit par vent fort. Une fois sur la côte est, nous prenons notre temps de visiter ces jolies petites villes.

Notre direction principale va vers le sud cette fois. En suivant cette côte, nous naviguons en eaux peu profondes, maximum 50m, mais plus souvent moins de 10m. Habitués à quelques centaines voir plus de mille mètres sous la quille, ça nous fait tout drôle. Mais les paysages sont beaux, et nous sommes en vrai mode tourisme.

Une balade sur l’île de Læsø nous fait découvrir les plages et la lande pleine de bruyère. Ca change des montagnes écossaises. Au port, nous avons même la visite des hirondelles. Tous les matins nous nous réveillons à leur babillage. La spécialité de l’île sont les « homards des jeunes filles » – que nous appelons langoustines. Nous en achetons évidemment et nous régalons de ce délice.

A Bonnerup, les éoliennes sur le port nous ont impressionnés, mais pas dérangés. Sous elles, plein de cormorans batifolent sans s’affoler. Le Danemark mise beaucoup sur l’énergie du vent. On trouve des installations jusque dans la mer sous forme d’immenses parcs, dans lesquels la navigation est évidemment interdite. Ensuite de quoi certains poissons que l’on avait cru disparus de la baltique réapparaissent, car ces zones leur servent de frayère bien protégée.

Prochaine étape, Ebeltoft. Jolie petite ville avec deux musées intéressants que nous avons visités. Le premier est le Jylland, une frégate du 19ème, qui a guerroié lors des conflits entre l’Allemagne et Napoléon III. Plus tard, elle a servi de navire au roi danois pour visiter ses colonies, jusqu’aux Féroé et même le Groenland.

Le deuxième musée expose du verre qui est une fabrication locale. On trouve plein d’objets en verre dans les boutiques de la ville, mais il y a aussi des artistes qui fabriquent des statues, vitraux et autres spécialités.

La suite du voyage, toujours vers le sud, en direction de Kiel, nous met plein les yeux de cette belle côte.

Le dernier jour d’août nous quittons le Danemark et arrivons à Flensburg en Allemagne. Ici, nous allons nous renseigner pour des quartiers d’hiver sur les conseils de nos amis Anne et Stefan. Ensuite Kiel, où je prendrai le train pour une petite semaine en Suisse, histoire de voir mon docteur et ma famille. Ca donnera un peu de vacances à Loulou qui restera à bord. Il dit qu’il en a besoin…

Encore l’Ecosse

Encore l’Ecosse

Oui, oui, nous sommes toujours là! Nous avons passé le mois de juillet à vadrouiller à travers cette Ecosse trèèèèès pluvieuse cette année – même les gens du coin se plaignaient. Une dame à Stornoway a dit que le dernier jour totalement ensoleillé était il y a 300 jours. Ca vous donne le climat. Durant tout notre séjour en Ecosse, la température n’a jamais atteint les 20°C. Mais assez de plaintes – pendant que vous cuisiez dans les vagues de chaleur, nous naviguions dans une région géniale. Les gens sont sympas, l’humour toujours présent, et les paysages simplement sublimes.

De Skye, nous avons mis cap à l’ouest, sur les Hébrides extérieures, Loch Maddy pour être précis. Le bras de mer entre ces îles s’appelle le Minch, et pour le traverser, nous avons eu un soleil éclatant. Arrivé au port, la pluie était de retour, comme pour nous rappeler à l’ordre.

Les jours passent, nous marchons et visitons ce nouvel environnement. Les Hébrides extérieures sont très exposées aux tempêtes qui traversent tout droit l’Atlantique nord. De ce fait, il n’y a pas beaucoup d’arbres. Ils ne poussent que dans les endroits abrités du vent. Les paysages sont surtout herbe, cailloux et eau, le sol principalement des tourbières. La population s’en sert d’ailleurs pour chauffer et on rencontre des endroits creusés pour l’extraction. Après Loch Maddy, nous suivons la côte vers le nord. Prochaine escale, Scalpay – petite île devant l’île de Harris. Là encore, superbe paysage, et quelques particularités qu’on avait pas encore rencontré.

Nous reprenons la route, encore vers le nord. Nous avons rendez-vous à Stornoway avec Chimaera, Corinne et Olivier, des amis de longue date, qui naviguent sur leur voilier de 16m. Ils ont réussi à acheter des tickets pour le festival Hebcelt qui a lieu à la mi-juillet. Les deux bateaux s’y rejoignent quelques jours avant le début du festival, et nous passons une dizaine de jours à la capitale de l’île de Lewis. Ensemble, nous louons une petite voiture, et Olivier nous conduit souverainement sur le côté gauche de la chaussée vers la pointe nord de l’île. Ce fut une superbe virée, merci au chauffeur!

Nous traversons ces paysages, et je suis complètement fascinée, car je suis en train de lire la trilogie des Hébrides de Peter May, dont les histoires se déroulent ici-même. J’ai rarement eu l’occasion de me trouver dans le cadre de mes lectures au moment où je les lis. Nous visitons une Blackhouse, habitation typique jusqu’au début du 20ème siècle.

Prochaine halte, un Broch, habitation bien plus ancienne, qui abritait un clan entier. C’est une sorte de tour à double paroi, avec plusieurs niveaux de planchers qui permettaient d’organiser les différents secteurs de la vie. Etables en bas, habitation au premier, stocks et fumage au dessus – le tout bien protégé contre les raids ennemis et le climat rude, derrière le mur solide.

Il reste encore un bout d’après-midi, et nous allons voir les menhirs de Calanais. Orientés selon les solstices, leur origine est beaucoup plus ancienne et on ne sait pas exactement à quoi ils servaient. Toutes les spéculations sont permises…

Enfin le jour du festival arrive et nous nous rendons dans le parc du château de Lews où se dressent deux grandes scènes et plein de food trucks pour sustenter les spectateurs. La musique est en lien avec les Hébrides et leur culture celtique, mais pas forcément folklorique. Des musiciens jeunes et moins jeunes chantent en gaëlique et en anglais, expriment leur amour et les peines de ce pays isolé au bout du royaume uni. Tous les instruments y sont, des guitares au violon, en passant par la flûte et la cornemuse. Certains on en même fabriqués avec des tuyaux de jardin. L’ambiance est géniale et nous plongeons dedans avec délice.

Le festival fini, nous reprenons le chemin. Cette fois, vers l’est, nous retraversons le Minch , retour vers la terre ferme. Pendant cette traversée d’une journée, nous croisons un maximum d’oiseaux, des dauphins et même un marsouin juste à l’arrivée de notre mouillage du soir.

Nous passons la nuit à Loch Gairloch, une baie bien abritée où nous avons découvert une petite distillerie… nous avons carrément craqué pour un petit gin parfumé à toutes sortes d’herbes de la lande.

Et voilà, nous redescendons vers le sud, boucler le tour de Skye, repasser par Oban et traverser les Highlands par le canal de Calédonie.

Le 30 juillet nous ancrons devant la première écluse du canal calédonien. Nous la passons le lendemain matin et entrons pour une semaine en eau douce. Départ raide, nous commençons par l’escalier de Neptune, une suite de neuf portes d’écluses qui nous hisse en deux heures à environ vingt mètres au dessus de la mer.

Le canal travers trois lacs dont deux navigables à la voile. Nous avons de la chance, le vent souffle juste de la bonne direction et nous les traversons voiles en papillon.

Inverness, le dernier port d’Ecosse. Nous observons la situation météo et nous rendons compte, que la route prévue vers le sud est barré par une superbe haute pression qui génère un vent du sud stable pour une semaine complète. Mais nous sommes souples et décidons du coup de changer de direction. La Baltique étant au programme pour l’été prochain, nous décidons d’avancer un peu nos plans et larguons les amarres pour une traversée de quatre jours. Nous arrivons le 12 août à Hirtshals, tout au nord du Danemark. L’anticyclone nous a porté tout le long, il a fait beau et nous sommes arrivés en été, avec un joli 25°C. A nous les harengs marinés, les crevettes et les glaces danoises – mmmmh!

Ecosse

Ecosse

Un mois plein d’aventures plus tard, nous sommes amarrés dans un petit port tranquille. J’ai enfin le loisir de vous raconter la suite de nos pérégrinations. Partis de l’île de Man une après-midi avec la marée, nous avons accosté en Ecosse le lendemain, après une navigation assez musclée et froide malgré le soleil. Mon premier contact avec le scottish english est assez surprenant. J’appelle le port par VHF pour demander une place d’amarrage, reçois une réponse assez longue, mais le seul mot que j’ai compris est « wait ». Nous attendons donc un moment en faisant des ronds dans l’eau. Au bout d’un moment, nous approchons, histoire d’y voir plus clair, et un monsieur nous fait signe d’amarrer vers lui, nous prend les amarres, et nous fait entrer dans une place avec moins d’un mètre devant et derrière. C’était le garde-port, tout content d’avoir une place pour nous.

Il faut s’habituer au parler écossais – et je ne parle pas du gaëlique, que l’on voit écrit partout, mais dont je ne comprends vraiment rien. Nous sommes à Campbelltown, petite ville endormie, entourée de forêt et pâturages. Nous allons bien sûr marcher dans ses environs et découvrons les rhododendrons à l’état sauvage.

Au retour de la marche, et pour fêter notre arrivée en Ecosse, nous allons manger au resto. Pour Louis un choix de poissons fumés, et pour moi le tout premier homard de ma vie!

Tout était excellent – une bonne entrée en matière de découvertes du coin. Le 6 juin nous continuons notre route, car nous avons un rendez-vous. Nos amis Miriam et François viennent nous trouver et ils atterrissent à Glasgow le neuf. Nous nous approchons au plus près de cette ville et amarrons le Naviot à la James-Watt-Dock-Marina. C’est un ancien bassin portuaire commercial, nommé d’après l’ingénieur qui a inventé l’unité du cheval-vapeur, et en hommage de qui on a nommé l’unité de puissance, le Watt (W). Les vélos stockés sur le pont, la trinquette à poste et la cabine avant préparée, nous sommes prêts à accueillir nos amis. Ils arrivent, et la météo change pour vent et pluie. Nous décidons donc de visiter Glasgow plutôt que de naviguer. Grande ville au passé industriel très actif, on voit à travers plein de bâtiments abandonnés qu’elle souffre d’un déclin important.

Elle est belle quand-même, et à force de nous balader, nous ratons presque le dernier bus pour retourner à Greenock où se trouve le Naviot. A notre défense, il part à 19h40 – tôt pour un samedi soir!

Dimanche c’est le départ. Contre le vent, nous louvoyons dans le bras de mer pour arriver à Port Bannatyne. Le lendemain, nous avons le plaisir d’assister à une manche d’une régate des bateaux construit au chantier Fife, non loin de là. Un spectacle extraordinaire!

Nous continuons notre chemin en sinuant le long des lochs, entre îles et continent, pour arriver à Tarbert, dernier petit port avant le canal de Crinan qui nous permettra de couper à travers les terres et nous évitera de contourner le Mull of Kintyre, réputé rude pour la navigation.

Deux jours et quatorze écluses plus tard, dont onze actionnées par nos petits muscles, nous débouchons dans le sound of Jura, appelé selon l’île du même nom. J’ignorais qu’il existait un autre Jura que le nôtre. Nous nous faufilons entre les îles et arrivons dans le Firth of Lorn. Halte sur l’île de Kerrera, en face d’Oban, où nous nous offrons une vraie promenade du dimanche.

Un jour à Oban où nous profitons de la ville pour remplir le bateau de victuailles, et nous continuons à travers le sound of Mull jusqu’à Tobermory, d’où on nous avait vanté le whisky…

Notre ami François nous en offre une bouteille – un délice! Merci François!

Nous prenons la décision de longer l’île de Skye par sa côte sud-ouest, le coté au vent, sauvage à souhait, avec quelques lochs pour s’y abriter. La météo étant toujours bien mélangée, soleil et pluie tous les jours, avec des vents pouvant aller de 0 à 25 nœuds, il est important de trouver des coins tranquilles. Au fond du loch Eishort nous avons trouvé une place si calme, que le soir tombé, une loutre curieuse est montée à bord par l’amarre et a inspecté tout le bateau. Heureusement aucun hublot n’était ouvert, elle n’a pas pu entrer.

Prochain mouillage, loch Harpor, où la première baie est occupée par un élevage de poissons. Nous décidons donc de remonter jusqu’au bout du loch, et y trouvons des bouées visiteurs devant la distillerie Talisker, réputée pour son whisky parfumé. Le hasard fait parfois bien les choses. Si nous avions ancré où nous l’avions prévu, nous aurions passé à côté… Bien sur, nous avons embarqué une bouteille.

Dernière étape avec nos amis, nous longeons les falaises de Skye, les vents sont favorables, mais quand nous remontons le loch Dunvegan, comme d’habitude, il souffle de devant, 20 kn en plein dans le nez. Allez savoir pourquoi, le vent sort toujours des lochs, quitte à tourner de 180° par rapport à sa direction au large. Nous amarrons au ponton, car le lendemain Miriam et François nous quitterons et il est plus facile de débarquer sans passer par l’étape « annexe ».

Nous avons passé trois belles semaines à naviguer avec nos amis. La météo n’était pas toujours facile, mais nous nous sommes mis plein les yeux de ces paysages exceptionnels, et nous allons en découvrir encore plein d’autres, car notre voyage en Ecosse n’est pas fini…

A bientôt!

WordPress Appliance - Powered by TurnKey Linux